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[Roman] - Sa Bola - [2142157]

Publié le par Serge Raoul

Il sortit. De retour à la voiture, il laissa échapper quelques larmes qui s'évanouirent sous les rayons ardents du soleil. Il croisa quelques habitants de Figueras joyeux et bronzés, mais il trouva leur joie insensée et inappropriée. Il revint sur la promenade principale, qui était le véritable centre vital de la zone urbaine de Figuéras. Sur la place, les balayeuses mécaniques arrosaient les pavés. Il entendit alors des rires et des cris de joie qui s'imposaient de force à son esprit. Il commença à se sentir vraiment étouffé par sa tristesse et avait l'impression que le monde n'avait plus de place pour lui. Alors, il prit une profonde respiration et se dirigea vers la mer.
La voiture gravit d'abord une montagne, puis traversa de longues vignes maigres et bien enracinées. Il aperçut au loin le littoral. Il passa devant des maisons de pêcheurs humbles, des promenades bordées de tamaris qui suivaient le littoral. Là, des petites barques dont les mâts, les vergues et les cordages bruissaient dans le ciel éclatant. Les voix des pêcheurs conféraient une curieuse mélodie à la scène, une harmonie tacite du spectacle humain. La scène avait quelque chose de tragique. Le long de la plage, des enfants s'amusaient et riaient comme si rien ne pouvait les atteindre. Les couleurs étaient aussi naturelles que celles d'un tableau de Dali. Le rouge des feuilles de tamaris, le bleu intense du ciel et du littoral, le blanc des mouettes envoûtantes. Il s'arrêta, marcha un peu sur le sable et s'approcha d'un énorme rocher.
Une vague de larmes coula sur ses joues alors qu'il sortit de la voiture et se mit à marcher lentement à travers l'embrun des vagues, provoquées par les rochers, qui baignaient sa peau et apportaient avec elles une fraîcheur accueillante, tandis que le murmure aux alentours transportait une étincelle d'espoir. Il reprit le volant.
Au Port de la Selva, il gravit en crescendo jusqu'en haut d'une colline abrupte et arriva au sommet, ce qui se dissipa en somptuosité devant ses yeux : face à lui, dans un grand cratère déchiqueté, gisait l'épave réduite d'une 2Cv, qui représentait un petit point brillant. Il remarqua également des traces sur la route et reconnut des traces de pneu créées par la voiture. Le cœur de Georges se serra à l'horreur de la scène. Pendant un long moment, il resta là à regarder le sol, la route et le trou, ne sachant pas quoi faire. Finalement, la détermination dans son cœur lui donna le courage de s'aventurer à l'intérieur du creux du paysage. Dans le ciel le soleil dardait la scène de ses rayons, des oiseaux chantaient, Georges ne les entendait pas. Au bas, la jolie crique de Sa Bolla reflétait les ruines d'un ancien monastère.
Ce lundi, en fin d'après-midi, le soleil était haut. Il avait fait chaud toute la journée et la lumière était incommodante et brûlait le soleil. Au-dessus de sa tête, un ciel de craie pratiquait une sorte de tunnel qui ventilait un souffle de maladie fielleuse.   

[Roman] - Sa Bola - [2142157]
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