Message aux lecteurs : doit-on tout dire ou tout écrire ?

Publié le 8 Juin 2025 par Serge Raoul - 🎸

Catégories : #Culture générale

Chers amis écrivains,
J’aimerais vous parler aujourd’hui d’une chaîne YouTube un peu particulière. Vous allez me demander :
« Qu’est-ce qu’une chaîne de vidéos a à voir avec la littérature ? »

Et je vous répondrai ceci : tout.
Car le thème, ici, c’est le journal de fin de vie d’un comédien parisien, diagnostiqué en phase terminale d’un cancer généralisé métastasé. Et chaque matin, à 7 heures, face caméra, il partage son ressenti, l’évolution de sa maladie, dans une sorte de décompte morbide.
“Il ne me reste que quelques jours à vivre”, dit-il.

Et dans ce témoignage brut, tout y est : le style, la narration, l’émotion, le personnage tragique. Un récit oral, mais tellement littéraire dans son essence.
Alors, quel est le problème ?
Il est de deux ordres.
D’une part, une gêne morale personnelle.
Je ne sais pas si je peux, si je dois “valider” cette démarche. Serais-je moi-même capable d’un tel face-à-face avec la mort, exposé à des milliers d’inconnus ? Ma réponse est non. Il faut un courage fou pour parler froidement, scientifiquement, intellectuellement de son agonie.
Mais... et si tout cela était un fake ? Une construction intellectuelle pour attirer l’attention, récolter des vues, séduire des "followers" (ils sont déjà plus de 10 000). Dans ce cas, la démarche flirte avec l’exhibitionnisme : douleurs détaillées, peurs, malaises, tout est livré brut… parfois sous les moqueries.
D’autre part, je m’interroge sur ma propre posture.
Ne suis-je pas un voyeur discret, qui regarde en différé le trépas d’un homme que je ne connais pas ? Qui attend, comme au théâtre, que tombe le rideau final ?
Et pourtant, je sais que ma démarche est littéraire. J’écoute, j’analyse, je cherche à comprendre les émotions et les mots d’un homme qui affronte la fin avec tact, lucidité et un certain panache.
Dans un prochain épisode de mon roman Le Théâtre des Disparus, j’évoquerai justement la posture d’un personnage face à la mort. Car cette question m’obsède, je l’avoue. Elle me préoccupe.
Et vous ?
Vous en pensez quoi ?
Quel serait votre regard face à cette exposition volontaire de l’ultime vérité ?
Est-ce que les mots – qu’ils soient dits ou écrits – peuvent vraiment nous aider ?
Je serais très heureux de lire vos avis.